Un jeune homme intelligent, à la gueule d'ange, à qui l'on donnerait le Bon Dieu sans confession, tue de sang-froid des
jeunes sans défense. Tout le monde est sous le choc, sidéré. Pourquoi? On ne comprend pas. L'intéressé lui-même comprend-il réellement ce qu'il a fait? Saisit-il simplement la portée et les
conséquences de son geste meurtrier?
"Cruel mais nécessaire", dit-il! Comme s'il avait une mission à accomplir, dans la souffrance! On voit bien que nous ne sommes plus dans la réalité, mais face à une logique de Toute-Puissance imaginaire, qui s'exprime sur le mode du délire mégalomaniaque extrêmement construit. Tel un Dieu vivant ayant droit de vie et de mort sur ses sujets ou le héros sanguinaire d'un jeu vidéo, l'objectif est la destruction de l'autre. Quand la haine submerge la pensée, les barrières morales s'effondrent, la frontière entre le bien et mal n'existe plus.
Le tueur de masse, persuadé que la vie ne vaut pas la peine d'être vécue pour lui et donc, pour les autres, en arrive à un suicide altruiste, se sacrifiant à la fin de la tragédie. Mais là, ce n'est pas le cas. Ce qui interpelle, c'est cette froideur émotionnelle avant les actes, pendant et après, cette absence d'affects, de remords. Responsable mais pas coupable! En l'absence de culpabilité, tout travail thérapeutique est voué à l'échec.
Kamikase, non! L'homme, à l'ego hypertrophié (narcissique) veut entrer dans l'histoire, paradant en uniforme de guerrier, devant une tribune, supposée être subjuguée par ses propos délirants. On assiste à une déshumanisation de l'humain. L'homme fait sa propre loi qui n'est pas la vraie loi, celle de la société (en référence à la Loi du Père: "Tu ne tueras point")!